Les avez-vous remarquées, ces bulles de ciel qui ont germé sur la façade de la bibliothèque municipale ou sur la place de l’hôtel de ville ? Elles sont l’œuvre de l’artiste sottevillais Jean Luc Goupil. Bien sûr vous n‘aurez pas pu le savoir car à aucun moment l’artiste n’a signé son œuvre nommée “c«i»eux qui regardent”. « L’objectif n’est pas de me mettre en avant, mais d’abord de faire se réinterroger les passants sur des choses simples de la vie que nous avons tous sous les yeux et que pourtant nous ne voyons plus ».
C’est l’humain, sa pluralité et sa place dans la biosphère qui anime le travail de Jean Luc depuis ses débuts. Ce globetrotter amoureux des voyages, des rencontres, des gens… de la vie tout simplement, ne se prédestinait pas particulièrement à une carrière artistique. « Je suis entré aux beaux-arts de Rouen en 1988 alors que je griffonnais quelques dessins dans mon appartement et je me suis tout de suite senti comme un poisson dans l’eau ! » Diplômé en 1993, c’est la sérigraphie qui constitue la colonne vertébrale de sa démarche artistique.
« J’imprime sur des objets que je récupère. Il y a donc d’un côté, l’image photographique qui, en tant que fragment d’instant de réel, est témoin d’un monde extérieur. Et d’un autre côté, l’objet, qui de par sa nature ou sa fonction, confère un aspect plus émotionnel, plus proche de notre propre histoire. Par l’association de l’image à l’objet, je cherche à faire ressurgir une réalité qui leur serait commune. Lorsqu’un objet a des «stigmates» d’images du réel, sa lecture devient très différente. On ne l’aborde plus simplement par sa forme, sa fonction ou sa couleur, mais il devient alors un élément de mémoire, lié à une histoire individuelle, ou plus encore à la représentation de l’histoire universelle ».
Dans les œuvres de Jean Luc Goupil, le ciel est régulièrement représenté.
« Mes œuvres, comme toutes les précédentes parlent toujours de l’homme et de sa condition dans le monde du vivant, mais en se tournant «résolument» vers les ciels bleus, espaces de tous les possibles… »
Dans son parcours artistique, Jean Luc capte l’évolution de la société, ses travers et ses contradictions. Il utilise également la sculpture pour évoquer soit des problématiques environnementales ou bien une pluralité du monde, tout en mettant en regard une certaine hypocrisie dans la prise de conscience collective.
Au fils du temps Jean Luc a souhaité orienter son travail de manière à ce qu’il véhicule une image plus poétique. Avec c«i»eux qui regardent, pas de message ou de revendication particulière, il surprend avec un élément simple, commun à tous. Il rappelle à celles et ceux qui ne lèvent pas la tête lorsqu’ils marchent dans la rue que le ciel est là et que l’observer permet de trouver une certaine sérénité. Il songe ainsi à reproduire la démarche dans les stations de métro parisiennes. « Je fais de l’indispensable inutile, mais indispensable. L’art ce n’est pas inventer des choses mais les révéler. »
Les œuvres de Jean-Luc sont donc bel et bien là pour interpeller. Elles sont éphémères mais l’ensemble de son travail trouve écho dans ses « Carnets de voyage ». Des archives visuelles, des images qu’il réalise depuis 1991. Ces carnets au nombre de vingt-cinq sont en perpétuelle évolution. Ils continuent à évoluer en fonction des photographies utilisées dans ses sculptures et sérigraphie. Des carnets où chaque page illustre une histoire qui mises bout à bout racontent l’histoire de l’Homme dans sa diversité et sa relation avec le monde qui l’entoure.
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