De fil en aiguille

PORTRAIT – VIE MUNICIPALE

Pour débuter cette année, le Sotteville mag de janvier valorisait la créativité d’un agent de la Ville exerçant un métier devenu rare au sein des collectivités. Véronique Bougardier est en effet couturière municipale. Son carnet de commandes est bien chargé tout au long de l’année : confection de draps et doubles-rideaux pour les écoles, réparation de tenues de collègues des services techniques, création d’éléments pour diverses manifestations… Véronique cultive par ailleurs « l’esprit récup’ », donnant une seconde vie à diverses pièces et chutes de tissu qui se transforment en sacs, blouses, porte-doudous, bavoirs, gants de toilettes ou encore torchons. Mais s’il y a bien une chose qu’elle n’aurait jamais pensé produire un jour en telle quantité, il s’agit bien de ce fameux masque barrière qui fait l’actualité.

« En temps normal, je travaillerais sur l’élaboration de costumes qui devaient servir à des projets des structures petite enfance et de l’école municipale agréée de musique et de danse. Mais l’épidémie est arrivée et a stoppé net mon activité. J’ai cependant rapidement tenu à mettre mes compétences à profit et, suite à une discussion avec une infirmière libérale et à mon initiative personnelle, j’ai commencé à créer quelques masques en tissu, distribués entre autres par la suite à certains commerçants de mon quartier. Pour cela, j’ai suivi les recommandations Afnor pour assurer la qualité du produit fini, trouvant documentation et tutoriels sur internet. J’ai beaucoup de réalisations à mon actif mais je n’avais jamais confectionné ce type de masque ».

Très rapidement après le début de la période de confinement, la Ville a fixé un objectif ambitieux à notre couturière : la production de 2000 masques pour répondre aux besoins d’employés municipaux en première ligne ainsi qu’à ceux de publics fragiles. « J’ai quitté mon atelier du chantier municipal pour travailler à mon domicile. Ma machine à coudre professionnelle y a aussi temporairement trouvé refuge et j’ai emmené le stock de fournitures en ma possession : des élastiques, des tissus qui devaient initialement servir à la confection de draps, d’autres qui m’avaient été gracieusement donnés par des Sottevillais suite à l’article dans le bulletin municipal, et enfin des lavettes microfibres qui servent de filtre à l’intérieur du masque. Depuis, mes journées sont rythmées par la découpe et la préparation des différentes pièces requises, une étape assez longue, puis j’enchaîne avec la couture pour les assembler. En moyenne, j’en fabrique près d’une trentaine par jour. Je fais donc avec les moyens du bord. Pour l’heure, mes masques sont plutôt neutres, mais certains arborent quelques motifs comme des licornes roses. L’originalité du tissu apporte un peu de légèreté en cette période. En revanche, je vais bientôt commencer à manquer d’élastiques et nous entamons donc des recherches ».

Véronique travaille en profitant au maximum du soleil, investissant au choix sa terrasse ou sa véranda. « C’est plus agréable et ça fait du bien au moral. Je suis consciente que ma mission actuelle revêt une importance toute particulière et je mets tout en œuvre pour être la plus efficace possible. Le besoin est réel. J’ai même été sollicitée par deux établissements hospitaliers du secteur, l’un cherchant des masques, l’autre des blouses. Je n’ai cependant pas pu répondre favorablement à leur demande car j’ai déjà fort à faire, mais cela prouve que la mobilisation de toutes les bonnes volontés est plus que jamais nécessaire ! ».

A ce titre, la Ville compte sur vous et lance un appel à tous les doigts de fées. Vous savez coudre et êtes équipé du matériel nécessaire ? Vous avez envie d’agir pour le bien de tous ? Vous aussi, fabriquez des masques en tissu selon la norme Afnor. La Ville devrait prochainement s’approvisionner en matière première ; celle-ci sera fournie aux volontaires et les modalités de participation à cette grande chaîne de solidarité seront bientôt communiquées. Restez connectés afin de prendre connaissance de l’opération « A vos masques, prêts, partez ! ».

Le sourire avant tout

PORTRAIT – VIE MUNICIPALE

Les services municipaux se sont réorganisés pour assurer la continuité du service public et accompagner au mieux les administrés. Le télétravail s’est imposé pour un certain nombre d’agents municipaux, tandis que d’autres collègues continuent à occuper le terrain pour assumer les tâches essentielles.

Maillon indispensable entre les Sottevillais et la collectivité, les agents d’accueil de l’Hôtel de ville sont à leur poste. « Je travaille les lundis, mercredis et jeudis, et laisse la place à ma collègue Karine les mardis et vendredis », explique Catherine Douis. « Chaque jour, un agent d’un autre service (Nadège, Christelle, Laure du cabinet des élus ou encore Estelle de la direction de la communication) est à nos côtés pour nous épauler en lien avec un cadre administratif. L’organisation mise en place permet de faire face aux diverses sollicitations ».

L’accueil physique est assuré uniquement de 9h à 12h pour des publics très ciblés. Le guichet temporaire se situe à l’espace famille au rez-de-chaussée de l’Hôtel de ville. Pour la sécurité des agents et celle des usagers, des dispositions à la fois efficaces et rassurantes ont été prises : pose d’une protection en plexiglas pour éviter le contact direct, ainsi que fourniture de gel hydroalcoolique et de masques. « Le fonctionnement des services est bien sûr restreint. Nous dirigeons les gens souhaitant déclarer une naissance ou un décès vers le service population, les personnes rencontrant des difficultés vers la direction de la solidarité et du Centre Communal d’Action Sociale, et enfin les Sottevillais concernés pour des démarches auprès du service cimetière. D’autres viennent chercher quelques exemplaires de l’attestation de déplacement dérogatoire. Nous en imprimons un petit paquet chaque matin et le mettons à disposition sur un présentoir. Ce sont les seuls cas pour lesquels les administrés sont aujourd’hui invités à se déplacer en mairie. L’après-midi, nous nous consacrons entièrement aux appels téléphoniques ».

La Ville reste en effet à votre écoute de 9h à 12h et de 14h à 17h au 02 35 63 60 60. « Il y a beaucoup d’appels, quelques habitants qui nous font part de situations personnelles compliquées et que nous orientons vers le CCAS, ainsi que de nombreuses interrogations sur des sujets du quotidien : les distributions de sacs de collecte de déchets, les marchés, le maintien de l’activité de tel ou tel service… Nous essayons d’apporter toutes les réponses mais cela suggère parfois de multiplier les recherches selon la nature de la demande. Nous avons établi un cahier de liaison pour transmettre toutes les informations aux collègues et assurer une bonne traçabilité. Dans tous les cas, nous tentons véritablement de faire au mieux et avec la plus grande réactivité. Heureusement, aujourd’hui, nous sommes relativement rôdés et équipés de nouveaux outils : la Ville a mis en place un support d’information précieux avec MonSotteville.fr, et s’est associée au Comité de Promotion des Marchés pour le dispositif Mon marché sottevillais à la maison. Beaucoup de questions trouvent aujourd’hui réponses avec ces deux initiatives », se réjouit Catherine.

Malgré le contexte actuel, que l’accueil soit physique ou téléphonique, Catherine met un point d’honneur à assurer ses missions avec le même sourire qu’à l’accoutumée. « Le sourire se voit, s’entend, et reste primordial pour satisfaire les demandes des usagers. La période est particulière mais il faut rester positif et garder le moral pour la rendre plus acceptable. D’une manière générale, je trouve que les gens font preuve de compréhension et se montrent agréables. C’est ce qui fait la valeur de notre quotidien professionnel  ».

Mairie de Sotteville-lès-Rouen, tél.  02 35 63 60 60

Courses solidaires

ENTRAIDE – PORTRAIT

Intermittente du spectacle, Emmanuelle Gastelais est actuellement au chômage technique. Tout en assurant l’école à la maison pour son fils, cette habituée du bénévolat et du volontariat a très rapidement cherché à aider les autres en mettant à profit ses compétences et son temps libre. « Tout le monde s’adapte et fait avec les moyens du bord, mais je suis bien consciente que certaines personnes rencontrent plus de difficultés. Il appartient à chacun d’apporter son soutien pour surmonter tous ensemble cette situation. J’ai décidé de proposer mes services dès que j’ai pris connaissance de la plateforme MonSotteville.fr. J’ai posté plusieurs annonces pour proposer de l’aide scolaire, des activités artistiques à faire chez soi ou encore récupérer des courses ».

De son côté, Lydie Lecollier, retraitée depuis peu de l’Agence Régionale de Santé, a très vite compris avec son mari Gérard qu’une aide serait la bienvenue pour faciliter leur quotidien en ce temps de confinement. « Dans notre couple, l’un est malvoyant, l’autre est non-voyant. Je préside d’ailleurs l’association Activités Sportives et de Loisirs pour Tous qui propose entres autres des séances ludiques de sensibilisation au handicap. Nous devions intervenir en mars auprès d’enfants de l’accueil de loisirs, mais ce n’est que partie remise… En cherchant sur Internet, nous avons découvert que la Ville mettait en place ce nouveau système d’entraide sur MonSotteville.fr. Nous nous sommes inscrits, appréciant au passage le fait que cette plateforme soit tout à fait accessible aux personnes atteintes d’une déficience visuelle. C’est ainsi que nous sommes entrés en relation avec Emmanuelle qui va aujourd’hui chercher nos courses au drive ».

Après un premier contact par mail, les deux parties ont procédé à un échange téléphonique pour poser les bases de leur « collaboration », et notamment définir les modalités visant à toujours respecter les consignes sanitaires en vigueur. « Nous nous sommes mis d’accord pour trouver une organisation très naturelle, sans contrainte ni périodicité prédéfinie. Ils savent que je suis là en cas de besoin et commandent des provisions en quantité suffisante pour ne pas trop me solliciter. Je les ai guidés pour qu’ils arrivent à faire leurs premiers achats via le système du drive. Ils ont ainsi gagné en autonomie et me passent un petit coup de fil au moment où ils s’apprêtent à valider le panier pour fixer le jour et l’horaire du retrait. Je récupère leur bon de commande sur le trajet du drive, charge leurs courses et les préviens quand je suis de retour en bas de leur immeuble pour qu’ils réceptionnent les sacs déposés. L’entente est cordiale et mon intervention est bien entendu tout à fait altruiste », précise Emmanuelle.

« Nous récupérons nos courses en gardant toujours les distances réglementaires. Emmanuelle est vraiment très sympathique, son aide et ses conseils sont précieux pour mieux vivre les choses. J’espère que nous continuerons à nous fréquenter dans de meilleures conditions lorsque tout cela sera passé », confie Lydie. Une perspective qui semble tout à fait partagée par Emmanuelle, « très contente d’avoir rencontré ce couple et de pouvoir les soutenir ». Pleine d’espoir, cette dernière cultive même une vision optimiste. « Cet exercice bouleverse notre quotidien, nous réinterroge et nous poussera peut-être à adopter de nouveaux modes de vie. Je pense que certaines personnes changeront leurs habitudes et souhaiteront développer encore plus le lien social ».

Pour rejoindre la rubrique Entraide de MonSotteville.fr, c’est ici